Cinéma des frères Noury: la nouvelle vague

Leur second court métrage est sorti le 6 janvier. "The man who sold the world" a reçu le prix du meilleur acteur au Festival International du Film de Dubaï, décerné à Said Bey qui a campé le rôle d'un homme fragile vivant une histoire d'amour à trois. Et ce n'est que le début ! La dernière oeuvre cinématographique de Swel et Imad Noury a drainé son lot de réactions controversées et un bravo unanime quant aux prouesses techniques de ce poème visuel si particulier.

FDM : Le titre de votre film “The man who sold the world” est très évocateur. Pourquoi encore une fois cette référence à la chanson ?

Imad : Le titre de notre deuxième long métrage est juste un clin d’oeil à notre premier film lequel porte également le titre d’une chanson : “Heaven’s door”. On a trouvé que “The man who sold the world” résumait parfaitement l’histoire de notre film, et c’est aussi la chanson d’un de nos artistes favoris.

Il fallait le faire ! Adapter un roman de l’auteur russe Dostoïevski en film marocain.. Comment vous est venue l’idée de réaliser ce long métrage ?

Swel : Tout a commencé avec cette passion que j’avais pour l’auteur. Par ailleurs, je voulais absolument expérimenter l’adaptation littéraire. J’avais donc commencé un autre livre de Dostoïevski mais l’entreprise s’est vite révélée suicidaire parce qu’il s’agissait d’une oeuvre de 600 pages. J’ai par conséquent décidé d’être un peu plus réaliste. Dostoïevski avait mon âge quand il a écrit ce roman “Un coeur faible” qui est assez court. Ensuite, j’ai trouvé que les thèmes qui étaient traités à la fin du 19ème siècle tels que la recherche du bonheur, l’incapacité à l’assumer et à l’affronter, l’incapacité à le vivre de manière égoïste, étaient parfaitement d’actualité aujourd’hui. De plus, l’histoire est belle et bourrée de sentiments et nous, généralement, on se laisse facilement prendre par ce genre de choses. Et nous voilà partis sur un type de structure narrative un peu complexe. Et c’est cela, je pense, qui a dérouté le public.

Justement, les réactions suscitées par votre film sont très controversées. Du coup de coeur au coup de gueule, le moins que l’on puisse en dire, c’est que votre deuxième long métrage ne laisse personne indifférent.

Swel : La structure de narration de notre film n’est pas linéaire mais plutôt thématique. C’est ce qui a, à mon sens, perturbé le public. De surcroît, le film traite du bonheur et, forcément, dès que l’on commence à cogiter autour de ce sujet, cela entraîne des réflexions un peu philosophiques. Le film, à la base, est conçu comme une espèce de volcan de sentiments où nous, réalisateurs, faisons appel à l’aspect sensoriel du spectateur, où l’on joue avec les sons, les images, la musique, la texture… histoire de l’inviter à voyager  dans la folie d’un homme.

Vous vous êtes illustrés avec “Heaven’s door” au Maroc et dans des festivals internationaux et, aujourd’hui, vous nous revenez avec “The man who sold the world”. Vous êtes dans une forme de réalisation qui est complètement en rupture avec celle de Hakim Noury, votre père. Cela a-t-il été facile d’être ses fils ?

Imad : Notre père est une personne cool, ouverte et, de surcroît, il nous soutient et nous appuie. Grâce à lui, on a découvert cette folie qu’est le cinéma. Ceci grâce à notre mère aussi qui a produit Hakim Noury et qui nous produit.

Swel : Il n’est pas difficile d’être le fils de Hakim Noury car notre père est aimé du public. Notre cinéma est effectivement totalement en rupture avec le sien. On n’hérite par conséquent, ni de son public ni de ses fans. Nous nous inscrivons dans une lignée plus universelle que la sienne qui est plus maroco-marocaine. Notre cinéma est à notre image : de père marocain, de mère espagnole, ayant vécu dans différents pays et avec beaucoup d’influences à la fois littéraires, musicales, cinématographiques… On adore aussi la mode. Tout cela fait notre identité visuelle que nous défendons à mort. Pour beaucoup, c’est un problème. Les gens reprochent à notre film le fait qu’il ne soit pas “assez marocain”, ce qui est faux. Pourquoi le Marocain n’a-t-il pas le droit d’être universel ? Pourquoi seuls les Américains peuvent-ils l’être ? Nous, Marocains, pouvons proposer une certaine lecture d’une oeuvre et la rendre par conséquent universelle.

Et si cela crée la polémique, c’est encore mieux, non ?

Imad : Ce n’est pas l’objectif. Il faut juste ne pas passer inaperçu. Swel : On ne s’intéresse pas au cinéma pour la polémique. Si le film nous permet  de susciter un débat et que les gens réagissent de manière viscérale, c’est bien. Parce que s’il y a des gens qui détestent, il y en a d’autres qui adorent.

Qu’est-ce que cela fait d’être deux sur un seul film ?

Imad : Déjà, on se pose le double de questions. C’est tout simplement plus enrichissant quant à l’apport d’art, d’idées et de soutien. Tout est multiplié par deux.

Swel : On apprend à travailler ensemble. Nous sommes des artistes différents avec des sensibilités différentes. Chacun de nous a un ego démesuré forcément parce qu’on est artistes ! C’est difficile de composer avec ces choses-là. Mais, petit à petit, on prend plaisir à travailler ensemble. Plus on apprend, plus on devient complices. Il nous arrive de décider d’un plan en un regard.

Sur quel genre de film allez-vous plancher maintenant ?

Swel : Une comédie noire.

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